Voilà comment on rebouche 50cm imaginez plusieurs centaines de milliards d'Euros

La Grâce d’un éléphant…allant voir Carmen

Parfois ce pays a la grâce d’un éléphant qui se serait égaré chez Bernardeau… Il y a quelques temps de cela, je postais une photo avec un trou dans la chaussée. Un trou de 50 cm de diamètre. Et bien après 5 jours, relativement vite, et une canalisation explosée dans les réparations, car réparations il y a eu, on a rebouché le trou, qui faisait à 15h, 150 cm de diamètre. Après qu’un subtile tractopelle ait tenté d’ôter les gravats dans le trou… plutôt que de le faire à la main ? Et ledit tractopelle a alors fait exploser la canalisation se trouvant là, quelle idée aussi de faire passer des canalisations sous une route ?

Après une ½ heure d’écoulement d’eau, ils ont eu la présence d’esprit de couper l’eau… du quartier… Oui ben pourquoi cibler quand on peut tout couper après tout ? Je vous assure qu’un éléphant est gracieux !

Et bien visiblement ce genre de pratique radicale est assez courante ici. Hier par exemple nous avons tenté avec des amis, du moins nous voulions avec des amis, aller voir Carmen de Bizet qui était produit à Athènes dans le cadre du festival d’été, qui a lieu dans différents lieux antiques, à savoir l’odéon d’Hérode Atticus. Pas mal dites vous ? C’est mieux que cela, la production est assez magique en général et la mise en scène contemporaine. Le directeur artistique n’est autre que le directeur de l’Opéra de Lyon, ce qui promet une saison pleine de subtilités, de contemporanéités, de plaisirs, de joies et de ce subtile je ne sais quoi qui fait que les sens et l’esprit sont comblés ! Enthousiaste moi ? Pfff… Comme France Musique nous en a informé dans un article du 9 juillet, le fait est que la recette d’un soir a été braquée début juillet. Oui car ici comme ailleurs le principal moyen de paiement est le liquide. La CB ? Euh  « on ne voit pas l’argent, qui vous dit que c’est sûr, et que vous ne pouvez pas le reprendre ? » euh… c’est ce qui m’a été dit une fois… Moi je dis l’éléphant est élégant. Alors armé de mes meilleurs intentions me voilà parti, en ayant acheté mes billets sur Internet. Et voilà à 18h, soit deux heures avant le début, on apprend qu’il a été décidé autour du 15 juillet, « compte tenu de la situation actuelle, de reporter sine die, ou au calendes grecques comme s’en amuse France Musique, ladite production. Mais alors pourquoi laisser la billetterie ouverte si c’est pour se lancer dans les procédures de remboursements ensuite ?

Mais surtout prenons un peu de recul et de sociologie. Le fait est que là les grecs partants dans les iles, et allant avec cela, les touristes arrivent alors qu’il n’y a plus d’événements ou de manifestations. Par ailleurs lesdits événements se tiennent loin de l’Odéon qui est facile à sécuriser car pris dans l’enceinte de l’Acropole. Enfin, et surtout d’un point de vue sociologique, les grecs qui y assistent font partie de la classe cultivée. Même si celle-ci n’est pas la plus aisée, elle n’en est pas moins privilégiée tant par son capital culturel que social, et si en général le financier n’est pas parmi les plus importants de Grèce, elle n’en est pas moins correcte. Puis l’autre catégorie de personnes assistant à ce spectacle sont les touristes, cette manne qui représente 20 % du PIB du pays. Alors pourquoi s’en priver ? On ne sait pas trop. Car hier on a cherché les événements mais à part le coup de gueule de Lagarde et du FMI, qui font des simagrées quant à la reprise des négociations, permettant à la branche dure et europhobe du parti de M. Schauble de jubiler, le pays a besoin de liquidités, ce que ce genre de festivals apporte…

Mais comme les milliers de litres d’eau déversés pour un trou de 50 cm, il vaut mieux annuler un spectacle qui couvre les frais de l’opéra, pour paraître solidaire, et alors couter bien plus cher, entre les frais de remboursement et les coûts fixes de l’opéra national, que de rechercher l’efficacité… Effica Quoi ?Je ne sais pas vous, mais je me demande comment il font avec un trou dans le budget de 185 milliards ? Ah oui ils le creusent! Bref, hier au soir il n’y a pas eu de Carmen, cette femme qui se rebelle contre le système établi pour choisir l’homme qu’elle veut épouser… Il n’y eu que la grâce d’un éléphant sur une scène de ballet ! Bien sûr dans ma tête et pas ailleurs….

Quand une Ferrari attend devant chez Paul, à Athènes se sont les routes qui ont des trous

Alors me revoilà après une pause… Consacrée à voir d’autres quartiers d’Athènes que le quartier middle class populaire dans lequel je suis. L’idée était de profiter des différents quartiers et de voir ce qui se passait. Il y a un quartier où les touristes ne s’aventurent pas trop. Non pour des raisons de sécurité, mais parce qu’il est excentré. Il s’agit de celui de l’ancien aéroport. Qui est venu à Athènes avant 2003 et les JO de 2004 a connu cette sensation étrange d’atterrir entre la ville et la mer.

Il s’agit donc de Glyfada. Certains Grecs en parlent à mots couverts comme le quartier des néo plouti, c’est à dire littéralement nouveau riche. Mais dans un jeu de mots facile pour les Français, on peut dire aussi nouveau plouc !

Alors contrairement à bien des idées reçues, s’il est vrai que l’on croise devant la boutique Paul, qui ne désemplit pas, ou les malles, fantomatiques quelques Ferrari, on passe devant des parcs publics déserts, où la végétation meurt, où les trottoirs sont défoncés et où les rares piétons qui s’y aventurent sont regardés bizarrement par les locaux, qui ont pris pour modèle certains coins de la Floride, et des États-Unis, sans pour autant y être. De plus les profs de piano, et de musiques sont obligés d’agrandir leurs possibilités de leçon en fonction de leurs diverses compétences, qui devient prof de français, qui prof d’anglais, etc…

Ensuite toujours dans ce quartier, le soir, les rues sont gardées. Elles sont sures, car la sécurité privée veille et regarde avec suspicion toute nouvelle tête.

Ce que je veux montrer par là, c’est que ce petit dème d’Athènes, pleins de ces néo plouti, est révélateur de ce qu’est l’État grec, et toute émanation de puissance publique. Une absence !

En effet dans Athènes la police municipale a été supprimée, pour réduire les coûts du budget et ne plus avoir à gérer les bavures et autres dérapages éventuels. Mais ce faisant c’est à l’une des fonctions régaliennes de l’État auquel ils se sont attaqués. Dans les démocraties les plus libérales au sens idéologique du terme, les fonctions régaliennes sont la portion congrue auquel elles ne veulent pas renoncer, car c’est justement cela qui caractérise l’État. C’est littéralement la fonction du règne de l’État. Or la Grèce y a renoncé au nom du privé. De même et cela est logique vu la proposition précédente, que la voirie en tant qu’administration est inefficace, car quasi inexistante. Là encore il s’agit d’un problème régalien, celui de lever des impôts. L’État grec a vécu à crédit, mais l’Europe des dirigeants n’a pas connu la loi Lagarde sur le sur endettement.

Alors oui on pleure l’augmentation des taxes et autres. On vante la démocratie. Et in between ? In between, il y a l’État ou plutôt ici son absence. Donc que peut-être il serait temps d’en construire un d’État au sens moderne du terme et de mettre fin aux forces privées qui telles au moyen âge se partagent des morceaux de territoires et dont les postures sociales les placent hélas au-dessus des lois. Ceux que l’on appelle les oligarques grecs.

Et l’Europe dans tout cela ? Et bien l’Europe a laissé faire. Laissé faire ces trous dans les routes, et laisser faire au nom de la libre circulation des capitaux, ce que l’on appelle partout de l’évasion fiscale. Mais voilà Zweig en 1936 déjà nous prévenait dans sa Marie Stuart, où il suffit de remplacer un ou deux pronoms pour comprendre différemment les choses : « c’est là une grave faute de la part de (l’Allemagne). La raison devrait lui commander de laisser à ce Vaniteux ( Varoufakis et Tsipras ou Darnley ?) au moins une apparence de prestige et ne pas l’exposer aussi impitoyablement au mépris insolent des lords ( Slovénie ? Pays-Bas, FINLANDE ?). Car l’offense a toujours pour effet de tirer même du plus faible de la dureté ». (Zweig, 1936) Mme Merkel, la BCE et la Toïka devraient peut-être relire S. Zweig, pour se souvenir comment une Reine d’Écosse finit, et comment elle entra dans l’histoire non pour sa grandeur, mais par sa mort… le premier régicide politique de l’Histoire moderne européenne, mais certainement pas le dernier.

Athènes Brule-t-elle ?

Athènes brule-t-elle ? Une série d’incendie ont eu lieu cette semaine. La région est coutumière du fait, en particulier en Juillet, pour deux raisons. La première est naturelle. Il s’agit du vent. En juillet il souffle sur Athènes un vent venant des îles ou parfois du Sahara, et ramenant du sable, sous forme de bourrasques puissantes et assez régulières à longueur de journée. Le balcon à Athènes, étant en hauteur et assez bien exposé, en subit à longueur de temps ses affres. Et si le soir le vent est agréable, il faut en journée prendre son mal en patience.

La seconde raison est naturelle pour les Grecs, mais peu pour les autres. À en croire les Grecs eux mêmes, ces incendies ne seraient pas le fait d’une cigarette malencontreusement oubliée, ou jetée par une fenêtre de voiture peu soucieuse de la nature. Les Grecs savent, et sont convaincus, que c’est parce que juillet n’est pas août, et qu’ici les terroristes intérieurs et autres milices partent également en vacances en août. Les incendie de 2007 aurait été du fait de ces mes mêmes groupes. En grec ils les appellent les « on-sait-qui-c’est-mais-personne-ne-dit-rien » ! Il s’agit de groupuscules payés par les oligarques, de gauche comme de droite, véritables milices dans le pays, qui régulièrement s’affrontent ou font régner l’ordre dans les quartiers de leurs « bienfaiteurs ». Quand Tsipras a été élu en janvier 2015, il y eut à Omonia un test grandeur nature de la part de l’extrême gauche, pour voir comment le nouveau gouvernement allait réagir. Les milices d’extrême gauche sont venues, elles ont mis à mal le centre ville. L’équivalent des CRS locaux a encerclé ces personnes et on regardait faire. Le test avait réussi. Tsipras ne taperait pas (pour l’heure) sur l’extrême gauche.

Ainsi il paraitrait que ces incendies soient, à écouter les Grecs, de ces facteurs d’éco-terrorisme en réaction aux différentes mesures prises. Il faut savoir qu’ici l’une de celles qui fait la une des journaux grecs est l’augmentation de la T.V.A. à 23 % faite sur les préservatifs. Les journalistes et tout ceux qui ont une opinion, c’est à dire tout le monde, ou presque, crient au scandale, et à la destruction par l’Europe de la politique de santé menée par la Grèce. Ce faisant j’ai au moins appris qu’ils en avaient une.

Mais voilà l’État grec n’est pas assez puissant, pas assez fort, pour lutter contre ces milices de l’intérieur dont les liens avec la police et l’armée sont bien trop étroits pour être facilement éradiqués. L’une des grandes réformes dont ce pays a besoin est la restructuration de l’État lui même et de ses pouvoirs de coercition qui sont bien faibles. Pourquoi ? Entre autre par mesure de protection, ainsi les fonctionnaires ne peuvent ni entre eux, ni vis-à-vis de l’extérieur commettre des délits de sale gueule. Car la Grèce en est là. Il lui faut construire un droit administratif qui soit unique, et qui ne soit pas administratif, au sens grec. Les Grecs me font trouver plus qu’efficace l’administration française, ce qu’elle est par ailleurs, mais au sens classique du terme, c’est à dire un droit public. Mais il faut aussi que l’État renforce ses prérogatives régaliennes, ainsi que l‘objectivité d’un droit positif dénué de préjugés moraux, pour n’aller que dans une logique sociale… Mais le chauffeur de taxi m’a prévenu. Il faut attendre la fin de la saison touristique, et alors on va voir… Ils prendront tout et partiront… En même temps de là où je viens on appelle cela du brigandage. Mais là encore il appartient à l’État, d’être un véritable État, une superstructure qui ne subisse pas l’infrastructure…

Je lisais l’autre jour une phrase assez drôle et juste, comme bien souvent l’intelligence va de pair avec l’humour : « Les Grecs écrivent des tragédies, et le reste de l’Europe vit des drames »…

Quand la notice Ikea est plus familière qu’un jour en Grèce !

Hier au soir ce n’est pas sans amertume que j’ai écrit. Amertume de bien des choses, mais aussi et surtout à cause des Grecs eux-mêmes.

Alors qu’avant-hier au soir avec des amis nous avons eu la brillante ( ? ) idée d’aller diner dans l’un de mes restaurants favoris du centre d’Athènes, nous sommes tombés nez à nez avec une manifestation, bloquant toute la ville. Puis marchands pour le restaurant, nous fûmes saisis de la différence. En deux rues, on passait de scènes chaotiques au calme des rues de Plaka, dont le bruit principal est celui des touristes et des rares locaux qui s’aventurent dans ce coin. Puis prenant un raccourci par une petite rue nous avons été témoins de la brutalité policière, mais aussi des gaz lacrymogènes. Il y eut un mouvement de Panique, les hôteliers ont proposé aux passants et touristes de rentrer dans leur établissement afin de se protéger.

Je n’ai eu que faire. Je sais après tout mieux que personne danser sur les volcans à deux doigts d’entrée en irruption ! J’ai donc pris mon sac et j’ai avancé d’un pas déterminé vers mon restaurant. Sur le chemin je croisé un couple de Britanniques tétanisés par les événements ! Je lui ai dit à lui : « take your wife’s hand, and keep go on to where you wanted to go, we will show them that life is always the strongest » cela à marché… ils ne se sont pas aguerris pour autant, mais au moins ont-ils continué et je suis arrivé à mon restaurant !

Puis cela fut internet, et les pitoyables services du magasin Public ! Ils ont dû recevoir des leçons de chez Nicolas pour voir autant de mauvaise foi… La mauvaise foi, c’est justement l’un des traits que l’on retrouve, surtout envers ceux qui sont étrangers. Car le sentiment est ce qu’il est, mais il est là, bien ancré. Ajouté à cette fierté macho des pays du sud, et pour ma part je tombe dans la facilité du cliché et pourtant. Est-il utile de préciser qu’un Français est un étranger… Citoyen du monde, dites-vous ? Alors que je déjeunais tranquillement, un vieil homme, qui comme dans la fable de la grenouille et du bœuf, gonflé son torse, vint menaçant réclamé un accès à un lieu de mon bien. J’ai refusé, il a menacé, cela se termine entre rendez-vous d’avocat. Mais il ne s’est pas dégonflé hurlant et vociférant espérant que je céderai moi l’étranger. L’ignorant, celui qui doit respecter le nabab de papier qui se cacherait derrière la haute stature de ce malotru ! Mais justement les choses ne sont pas ainsi il y a des règles qui ont le mérite d’exister pour permettre aux uns et aux autres de vivre ensemble. Et justement ici c’est de ce vivre ensemble qu’il est question ! Ce faisant après avoir été secoué par cette si brusque apparition et demande, a laquelle nous aurions pu réfléchir si elle avait été poliment posée, ne mérite aucun égard. Je suis hélas choqué par la lâcheté coupable de certains qui n’ont de cesse de paraître sympathique, mais qui en de telles circonstances demeure absent ! La joie de la vie sans cadastre.

Alors pour me détendre je suis allé chez Ikea, à chacun son mode de détente ! Je suis alors tombé sur un chauffeur de taxi complètement dingue ! qui considéré la France et l’Allemagne sur un même plan, m’expliquant que les deux leaders étaient en réalité Mélenchon et Le Pen, autant vous dire que même Charybde et Sylla paraissent plus tendre ! Il nous promit ainsi qu’à partir de septembre, plus rien de l’Euro et de tout ce bordel européen. J’ai largement apprécié le IKEA loin de tous ces tumultes ! Et c’est là le souci, quand Ikea devient un refuge ! Mais voilà parfois les Grecs et leurs systèmes instables, inégalitaires, mais où surtout aucune règle n’existe en amont, il s’agit de faire et composer au petit bonheur la chance, jusqu’au prochain épisode ! Ainsi en somme, parfois une notice IKEA est bien plus simple qu’un jour en Grèce !

Pour Brel les Bourgeois c’est comme qui déjà ?

Hier au soir je recevais sur ledit balcon d’Athènes. Des amis grecs, des politiques du mouvement To Potami, des avocats, des journalistes, des thésards et des créateurs d’entreprise.

Le fait est que cette petite coterie n’avait pour principal sujet de communication que la crise actuelle. Celle de la Grèce, mais aussi en filigrane celle de l’Europe. Mais plus avant toutes ces personnes qui seraient considérées comme des privilégiées par une lecture par trop simpliste de sociologie quand ils ne le sont pas du tout, ou tout du moins pas tous. Les héritiers sont affectés par cette situation qui impacte leurs salaires et leurs modes de vie, mais en somme leurs épargnes et éventuellement leurs banques à l’étranger, sans pour autant être des nantis, simplement la trace de leurs pérégrinations professionnelles passées à travers l’Europe, leur permet de subsister. Les autres, eux, sont directement impactés par la crise. Le fait est que les avocats n’ont plus de clients, ou s’ils en ont ils ne peuvent plus les payer, avec la restriction des mouvements financiers. Mais tous, tous parlent de la crise.

Et à l’inverse hier au soir l’un d’entre eux nous expliquait qu’il croisait un nouveau genre de touriste. De la pure espèce, de ceux qui non seulement font des listes plus étranges que celle des tours opérateurs et qui conçoivent leurs  petits « tours », le grand tour est mort depuis bien longtemps, en fonction des magazines qu’ils ont lus. Ces mêmes touristes qui rentrent chez eux et comparent bien leurs avantages cosy et douillets de leurs intérieurs qui n’est pas comme les magasines, et qui les confortent dans leurs rectitudes bourgeoises, comme Brel su si bien les définir dans ses bourgeois ou ses flamandes.

Et bien loin d’avoir des touristes solidaires, qui dans un élan de citoyenneté européenne viendraient dépenser des liquidités tout se faisant plaisir, la Grèce voit débarquer des touristes qui demandent à voir la crise. Des touristes qui veulent des programmes cultures et crises, et veulent voir en instantanée, comme sur tweeter ou sur BfM TV l’impact de la crise non sur les Grecs, mais sur la création artistique. Il y a quelque chose d’une appétence morbide vis-à-vis de la Grèce, et à se repaitre narcissiquement, et non sans une certaine perversité, se reconstituer de ce spectacle. Les Grecs doivent alors organiser le Zoo de leurs vies pour donner à ceux qui aiment se délecter du malheur des autres, afin d’avoir accès à cette liquidité. Une sorte de danse macabre où les partenaires savent l’un comme l’autre que la mort est au bout du chemin, mais où l’un jouit de la mort de l’autre, quand l’autre au nom d’un bénéfice secondaire y trouvera son veau d’or coûte que coûte. Danse macabre sans esthétique ni réflexion…

Mais il est vrai que je suis naïf dans cette équation de départ, avec la question d’un principe de plaisir qui pourrait s’allier à une réalité sans que la morbidité ne soit à se mêler de cela.

Par ailleurs cela renforce un sentiment qui est ici de plus en plus présent et montre combien les partenaires européens ont du mal à comprendre cette Grèce. La dernière sortie de Schauble sur la culture en est révélatrice. La Grèce n’est pas européenne. Ici on parle d’humiliation et d’un début d’esclavage. Dans ce pays fier, ce qui est différent de l’orgueil n’en déplaise à l’Allemagne et ses partenaires, mais où l’histoire, la leur, ne passe pas. C’est ainsi qu’ils qualifiaient la présence de l’Empire ottoman. C’est cette anti-mythologie nationale qu’ils ont construite pour approcher la période des 400 ans de domination comme ils les appellent, persuadés qu’avant c’étaient eux qui dominaient. Et c’est à mon sens dans cet interstice que la danse macabre à laquelle j’assiste depuis mon balcon, qui se nourrit de leurs pulsions morbides ; qui peuvent être légitimées par leurs approches bobo, tellement fermée, et la logique grecque oscillante entre le déni historique et leurs incapacités à fantasmer un avenir meilleur, plein du vide de leurs histoires, pleines de mots qu’eux seuls prononcent et en lesquels eux seuls croient. En somme ce pays et cette crise sont étranges, elle me rendrait marxiste en mode Brel…

Le soleil noir de la Mélancolie d’Athènes à Berlin, de La Haye à Athènes

Après une trêve le temps d’un week-end, revoici des nouvelles d’Athènes.

Le fait est que ce Week-End, je m’en fus à la plage à Athènes. Car contrairement à ce que beaucoup imaginent la plage ici est très facilement accessible. Et justement les plages étaient bondées. Justement parce que cela on ne peut le leur enlevé. Il y a bien des plages privées, sans loi littorale comme par chez nous, dont les plages sont bien privées et la mère y est propre et nette grâce à des filets de protection en haute mer. Elles aussi étaient pleines cet été.

Mais je dois dire que ce week-end toute la Grèce a retenu son souffle. Retenu son souffle pour tourner son esprit vers Bruxelles. Il y eut le désarroi finlandais, l’incompréhension de leur demande et de leur comportement. Puis il y eut l’intransigeance néerlandaise. Et là la Grèce s’est rendu compte de la rupture avec le reste de l’Europe. Ce même reste de l’Europe qui pourtant aime venir en Grèce en vacances.

En somme les Grecs ont découvert la rigueur, mais aussi la condescendance des pays du Nord qui ont montré leurs étalons d’évaluation de ce pays où ils vont en vacance, cette arrogance bourgeoise que décrié tant Marx. Ce sentiment de supériorité que des êtres ressentent dans un satisfecit de se dire heureux en rentrant chez eux, qu’au moins là bas c’est beau, mais ces pauvres grecs, ils ne sont pas comme nous.

Il y a aussi l’intransigeance allemande. On se demande quel jeu elle joue. Si la France s’en tire la tête haute, on ne peut que pour l’avenir se questionner sur l’avenir du couple Frano allemand, comme on l’appelle. Le fait est que la Chancelière craignait de paraître comme étant celle qui allait signer la fin de l’Europe, mais aussi, elle devait faire face à la branche dure de son parti, mais aussi de son pays. Cette Allemagne qui vient comme à Rhodes boire et se souler en Grèce, et qui aime que ses pauvres demeurent sages et garde leurs attitudes respectueuses. Mais Madame Merkel n’a pas eu souci du couple franco-allemand. Et c’est cela qu’elle aura désormais sur les mains !

Car au-delà de la rigueur allemande, c’est le véritable visage de l’Europe made in Bruxelles que l’on a vu ! Ce visage qui pose la question de l’autre et sa capacité à le regarder et à le considérer comme son égal. De même voilà le retour du financier et de l’économique comme instance de domination de la politique. La décision, le faire est donc désormais subordonnée au financement. Cela est devenu patent et clair que les valeurs fondatrices de l’Europe ont disparu, et qu’il faut rétablir un ensemble de valeurs qui justifient l’amalgame de tant de différences. À l’heure où l’Europe doit trouver une voix commune pour lutter contre l’extérieur, c’est de l’intérieur que vient le désaccord.

Alors oui ce matin la Grèce a le genre de gueule de bois, de celle où vous découvrez que ceux que vous croyiez vos amis ne le sont pas. Bien pire au-delà des sensations de la bouche pâteuse, et autres maux de crâne, et qu’en plus ces-dits amis ont profité de vous. Les banques demeurent fermées. Et la Grèce doit en 72heures faire voter 3 lois. Mais comment peut-on dans une démocratie créer et construire des lois correctes, je ne parle pas de juste, et respectant la démocratie ? Heureusement le régime grec est unicaméral !

La question maintenant est que va il se passer ? Ce que sera l’Europe ? Quel sera le couple franco-allemand ? Mais au quotidien en Grèce, désormais la question est que va-t-on faire ? En 10 jours les choses sont terriblement dégradées, mais justement peut-être que ces changements vont permettre de faire naitre une nouvelle Grèce, enfin forte et belle, et qui sait peut-être qu’enfin les touristes seront moins condescendants, et plus respectueux… mais comme on dit ici. Oui on verra…

Inutile de demander la traduction, je le trouve juste graphique

La Justice est elle humaine ? vous avez jusqu’à dimanche pour répondre !

Hier au soir le gouvernement de M. Tsipras a rendu ses propositions. Il a surpris plus d’un avec celles qu’il a concoctées avec son ministre des finances et avec les dix hauts fonctionnaires du MineFI dépêché par François Hollande qui espère bien sortir grandi de cette histoire.

Alors oui Tsipras semble céder sur bien des points qui paraissent en opposition avec le référendum. Mais paraissent seulement. Pourquoi ? Car si le Premier ministre grec va bien réformer les retraite et autre c’est dans une vision sociale qu’il le fait, et ceux pour la première fois depuis longtemps. Au risque de passer pour un pro- ce qui n’est pas mon cas- il est le premier PM de ce pays à avoir une vision réellement sociale de sa politique.

Mais voilà l’univers social n’est pas forcément humain…

Alors que j’ai arraché dans la rue une affiche portant le mot OXI, c’est à dire non, pour son côté graphique, je me suis dis en bon parisien ayant fréquenté les anti chambres du pouvoir que bien encadrée elle serait superbe. Et bien ma femme de ménage est tombée dessus. Et alors dans notre capacité rudimentaire à communiquer l’un avec l’autre, et avec l’aide de mon iPad, nous avons réussi à avoir une conversation étrange, mais passionnante. Elle a voté Oui au référendum. Elle vit dans la banlieue d’Athènes, elle est serveuse dans un restaurant, un extra déclaré qui lui permet d’avoir la sécu, même si à quoi bon m’a-t-elle demande via le traducteur. À quoi bon en effet, car ici, si seuls les travailleurs ont la sécurité sociale, ce n’est pas significatif de soin. Il faut d’abord passer par la case Bakchich le Fellaki, cette enveloppe du quotidien que l’on donne qui a un médecin qui a un fonctionnaire qui retrouve son zèle. Les tarifs sont assez connus des uns et des autres, et si vous vous trompez, pas de panique ont vous l’expliquera… très aimablement !

Et c’est justement en réponse à ce à quoi bon que viennent les propositions de M. Tsipras. Tout d’abord il est le premier à penser à la croissance et à prévoir près de 35 milliards d’Euros, mais aussi à taxer l’Église Orthodoxe et pour cela il faudra une réforme de la constitution, qu’il pourra faire grâce au référendum du 5 juillet. De même pour les armateurs qui étaient aussi constitutionnellement protégés. Et ces personnes-là vont payer des impôts. Puis il y a les produits de luxe qui passeront à plus cher, sans que la T.V.A. sur l’électricité absolument exorbitante ici ne soit augmentée ! Enfin M.Tsipras espère ainsi mettre fin à la corruption et au clientélisme en augmentant les salaires dans la fonction publique et la fonction hospitalière. Alors oui il y aura un départ plus tardif à la retraite, mais n’oublions pas qu’il y a un allongement de la durée de vie. Par ailleurs, taxer l’Église cela voudra aussi induire le cadastre et alors la stabilisation et la sécurité juridique pour chacun, sans avoir à donner son pourboire à l’Église qui n’aura plus son mot à dire comme maintenant (naissances, successions, etc.) et une tentative de limite de l’évasion fiscale pour mieux redistribuer ses subsides… alors oui certaines mesures ne sont pas humaines, et pourtant elles sont socialement justes et nécessaires dans un État, qu’une oligarchie a précipité au bord du précipice. Et c’est en cela où les propositions sont belles et biens dans une logique de justice Sociale, à savoir que tous contribue mais à auteur de ce qu’il peut…

Espérons que les 28 sauront entendre tout cela, non pour sauver la Grèce, mais pour sauver une certaine idée de l’Europe, bien plus haute que la Zone Euro actuelle !

Parfois ce sont les vainqueurs qui pleurent…

Passant chez mon boucher, toujours le même, je suis rentré pour constater une chose. Le manque. Ici quand on est étranger ou plus exactement quand on a une carte bancaire émise à l’étranger on n’a pas pour l’instant de restriction sur les retraits ni sur les paiements effectués avec ledit CB. Alors c’est vrai au guichet extérieur il faut s’armer de patience, mais au moins il n’y a pas de limite. Les Grecs savent la manne que représentent les étrangers pour le pays. Mais ils refusent de plus en plus les CB, non par malhonnêteté, mais tout simplement pour pouvoir à leur tour payer leurs fournisseurs. Le tourisme est l’une des industries les plus importantes de l’économie grecque.

Alors ce soir le gouvernement grec aidé d’une dizaine de hauts fonctionnaires français, doivent déposer un document afin d’éviter à tout prix ce qui est appelé le Grexit, et ce qui sonnerait le Glas à l’idée même de l’Europe. La perspective d’ailleurs que la réunion de dimanche réunisse les 28 et non pas seulement les membres de l’eurogroupe est assez révélatrice. La Grèce doit s’attendre à être jugée par un tribunal, celui d’une Europe made in Bruxelles qui n’a pas digéré le coup de poker du referendum grec. En convoquant les 28, Merkel se donne in fine le bon rôle tout en s’assurant que la branche hostile à la Grèce soit présente et bien représentée. Nous le savons il est difficile de prendre une décision à 28, et certains comptent là-dessus. Mais peut-être n’est-ce pas sans une surprise de la part de la France. En effet ce « mollasson » mal fagoté d’Hollande qui trouverait, si elle était ouverte, la Samaritaine trop chic, a pour le moins le mérite d’être capable de synthèse et de peut-être d’arriver malgré tout à proposer un accord, viable pour tous, mais avant tout pour l’Europe.

Car désormais nous en sommes là, c’est l’Europe qu’il faut sauver. Oh ! Peut-être qu’à court terme il n’y aurait que des vagues de cette sortie, mais ce faisant, si l’Europe made in Bruxelles restait sous le diktat non de Madame Merkel directement, mais de tous les épargnants retraités d’une Allemagne vieillissante et conservatrice par peur d’un avenir qui les conduit inexorablement à la mort, et d’une politique internationale par trop proche de pays de l’Est bien trop intransigeant avec la Grèce, dans ce retour de bâton inattendu vis-à-vis d’un pays qui au par avant ne les a pas aidé quand il fallut chez eux aussi suivre les règles de Bruxelles.

Et concrètement ? Concrètement l’étal de mon boucher se vide petit à petit, non parce qu’il y a un boum des achats, mais parce que le réapprovisionnement est difficile. Au marché central d’Athènes, il en est de même. Seuls quelques rares poissonniers indépendants s’en sortent, mais pour les autres l’approvisionnement en gasoil devient de plus en plus compliqué pour les mêmes raisons. Et les touristes par cela ne sont pas épargnés. Les cartes des restaurants et des hôtels diminuent ou augmentent leurs prix, car la denrée se fait de plus en plus rare et que si les choses continuent ainsi il n’y aura plus grand-chose que quelques poissonniers locaux d’ouverts. Ainsi en coupant l’Europe, se sont les grecs que l’on affame et les touristes que l’on dégoute ! Bravo ! Mon Boucher me l’a bien dit : « Et demain vous ouvrez ? Lundi ? On verra ! »

NY Times

le renard qui attend que la poule tombe reste affamé

Aux infos françaises le tour de France est plus présent que la Grèce et sa crise. Les pauvres chutent… Ouille ça fait mal une chute de vélo… Mais « qui est tombé du char de la Fortune, jamais ne pourra y remonter » (Zweig, 24h de la vie d’une femme)

Les Grecs ici attendent, sont derrière leurs postes de télé ou de radio. Ils savent que quoiqu’il arrive désormais leur été est perdu. La question est désormais pour eux celle de l’instabilité. Désabusé, qu’il retourne à la Drachme ou reste dans l’Euro, le Grec de la rue ne veut qu’une chose : savoir ! Savoir que sa dignité, sa fierté sont respectées, mais aussi savoir ce qu’il en sera de demain, et s’ils seront mangés par les ogres de l’histoire ou s’ils pourront recommencer à manger comme des ogres. Sachant que quoiqu’il arrive le Grec de la rue trouvera une pirouette pour se conforter dans sa fierté. Oui, mais voilà… Il en faut bien plus.

Il faut savoir qu’ici cette crise lancée par le référendum a plongé les amis, les familles, dans des disputes importantes. Certains ne se parlent plus, d’autres se sont fâchés à mort. Ici chaque dispute peut déboucher sur une malédiction sur 7 générations. Après tout la tragédie grecque fut créée ici… Et ça, ils le savent. Car s’ils avaient pu/su se provoquer en duel ils l’auraient fait. Car en somme, qu’en est il ici ? Et bien les retraités sont ruinés, ils n’ont plus rien. Ils survivent de la solidarité familiale, les cousines de la montagne envoyant leurs excédents alimentaires à leurs cousines de la ville. Pour les plus riches, ils arrivent à s’en sortir c’est sur, mais il ne faut pas croire qu’ils ne sont pas atteints. Avec le gel de leurs avoirs, c’est aussi le gel de leur capacité de dépense qui est en danger. Ceux qui sont dans le superflu font aussi vivre en faisant circuler leur argent ceux qui sont dans le besoin. Je ne porte aucun jugement moral sur ceux qui ont et encore moins sur ceux qui n’ont pas.

Non l’espoir pour l’heure est que Tsipras puisse proposer les réformes fiscales et sociales, dont ce pays, à Besoin. Créer une véritable administration fiscale avec des pouvoirs coercitifs encadrés par la loi, et surveiller par l’Europe s’il le faut. Mettre en place toute une série de mesures qui aillent dans le sens de la justice sociale. Car en somme c’est aussi de cela que les Grecs ont besoin. De voir que les riches paient aussi, qu’ils ne font pas que dépenser. Sous prétexte de craindre la fuite des capitaux du pays, les plus riches n’ont pas été taxés sur leurs biens propres ou sur leurs revenus. Les armateurs ne paient que l’impôt sur les sociétés. Mais c’est un faux argument, car c’est près de 15 milliards d’Euros par an que ce pays perd, ou par évasion, ou par fraude. La toute puissante Église orthodoxe, dont le rôle fut fondamental dans la création de l’État grec, et du mythe de la Grèce Blanche, auquel ils croient encore pour beaucoup qu’ils ne peuvent même pas historiciser sans risquer de voir les composants d’affiliation de leurs identités nationales se désagréger, ne paie pas d’impôt. Elle prétexte manquer de liquidité, mais déjà cet argument n’est pas valable pour avoir assister à des processions de moines et popes orthodoxes dans des banques, quand elles étaient ouvertes, entrer dans les succursales de banques et en ressortir avec les sacs vides. Je doute qu’ils vinssent y apporter leurs numéros aphimi (numéro fiscal grec, si on n’en a pas, on ne peut RIEN faire…) Sauf si on est pope bien sûr ! Mais surtout il lui suffirait de vendre un ou deux biens pour en avoir… cela s’appelle justement monétiser un bien…

Car voilà, l’Europe sans la Grèce ne sera plus l’Europe. La Grèce sans l’Europe ne sera qu’une petite république des Balkan où le grand frère orthodoxe du nouvel empire de Putin n’aura plus qu’à cueillir cette fleur qu’il a toujours cherché à avoir dans sa collection. Car il ne faut pas oublier que la Grèce c’est le morceau d’Europe dans les Balkan, cette région qui a si souvent déclenché des conflits mondiaux. C’est aussi la frontière entre des mondes romains, byzantins, orthodoxes et musulmans. Et si l’Europe échoue, c’est alors un échec plus que cuisant. Je ne parle pas des conséquences économiques, mais bien des conséquences politiques qui en découleront, puis des conséquences sociales. Dire non à la Grèce c’est dire non au projet européen et à la monnaie, pour ne proposer en somme qu’un pal système à taux fixe. Mais plus avant c’est dire non à l’ « Orient de l’Europe » ( Delorme, 2013) à un moment de notre histoire où justement la question Orientale est au cœur même de processus massifs. Plus avant dire non à l’orient, c’est se couper d’une partie de nos origines, et les conséquences psychologiques de telles pratiques sont bien connues des chercheurs, mais c’est aussi proposer un repli sur soi. Car l’Europe sans la Grèce deviendrait une Europe sans son Orient, une Europe qui n’aurait plus que son nombril pour se regarder et s’y fouler le petit doigt. Si l’Europe ne sait pas parler à sa partie orientale, comment le pourrait-elle avec le Levant ou plus avant la Perse ou l’Irak ? Car la Grèce a aussi un rôle à jouer, un grand rôle le jour où elle acceptera son histoire elle pourra être le renouveau d’une Europe capable de parler à l’occident et à l’orient, et sera capable d’adresser au monde un message clair et audible. Mais pour cela l’Europe made in Bruxelles doit se rendre compte de l’importance de ce petit pays, de 2% du PIB, qui est malade oui, mais on ne coupe pas la main de son enfant quand son doigt est infecté ! On le soigne et on supporte son ingratitude, car l’Europe est appelée à bien plus encore qu’à ces querelles économiques.

Enfin il est temps également que l’Europe made in Bruxelles retrouve son rapport à la réalité, son ancrage diraient certains, et se souvienne que l’économie est subordonnée au politique et non l’inverse. Vous aurez beau faire de belles équations projectives, si le politique n’est pas là, il n’y a pas d’économie possible, et je ne parle pas en terme marxiste des rapports qu’entretiennent suavement la superstructure et l’infrastructure… Alors oui comme l’écrivait Edward Saïd, l’Orient est un construit de l’Occident, qui a intégré les valeurs de cet occident, au point de trouver un discours de violence légitime au sens bourdieusien du terme. Et justement c’est bien tout cela que la crise grecque nous rappelle. C’est qu’à force de construire artificiellement des abstractions, ces dernières deviennent des schèmes de pensées dont il est difficile de s’extraire. Mais enfin il est aussi important de rappeler aux Grecs la sagesse des antiques, pour qui « le renard qui attend que la poule tombe reste affamé ». Il faut alors que l’action soit mutuelle et coordonnées. Pour ma part je ne peux qu’adhérer à l’un de mes ouvrages de chevet, et conclure en laissant la parole à un empereur a qui un auteur de génie a fait dire « tout ce que les hommes ont dit de mieux l’a été en grec » … ancien… et quid des Contemporains ?

OXI pour l'avenir de nos enfants

Je ne vois que le ciel qui poudroie…

Anne attendant ses frères demeure aux prises avec Barbe-Bleue. Alors que Paris frémit de ses bacheliers, des annonces des résultats des concours administratifs ou des résultats des Masters 2 pour les étudiants, certains voient leurs avenirs scellés, du moins marqués par le sceau d’un passage. Paris se réjouit, Paris frémit…

Athènes retient son souffle. Ici seul Éole a décidé aujourd’hui de proposer par Salve la force de son ressenti ! Seul Éole se manifeste et nous rappelle qu’il ne sert à rien de retenir son souffle. Ou tout du moins combien le souffle d’un seul peut-être puissant.

Junker a bien fait son discours, il a bien parlé en allemand. Mais d’ici ce ne sont que quelques bribes de sons qui nous sont parvenues. Celle de politiciens obtus et nécessairement aveugles, ou tout du moins dont les angles morts sont bien trop importants. Et dans l’un d’entre eux, sous prétexte de ne voir que cela, il y a la Grèce et son État. Les Grecs n’ont entendu que les paroles de politiciens qu’ils pensent aussi corrompus que ceux qu’ils ont ici, que ceux que malheureusement une certaine Europe a contribué à renforcer. Il suffit pour cela de voir les différents graphiques économiques concernant la Grèce, il y a un avant et un après 1981… Chacun y trouva son compte.

Mais le peuple grec se résigne. Il a dit non par souci de démocratie. Il y a un temps où l’Europe permettait de fermer les yeux, de faire rêver et de penser qu’ici comme ailleurs, au bout de la péninsule des Balkans, on pouvait vivre en commun avec Paris, la mythique, Paris la fiévreuse qui fait rêver avec tant de mauvais goût, il est vrai, nombre de Grecs. Mais depuis 2008, quand les Grecs ferment les yeux ce sont des cauchemars qui jaillissent. Car la réalité est là. Le chômage, les migrants qui sont mis dans des parcs ou pour les plus chanceux vivent à 8 dans un trois-pièces pour mieux payer en liquide un loyer bien exorbitant même pour le marché effondré d’Athènes, mais dont personne ne veut rien faire. Alors Bruxelles ferme les yeux et rêvent les vertus de son modèle.

Alors Athènes retient son souffle, car là-bas à Bruxelles des personnes vont décider de l’avenir de tout un peuple. Mais j’espère qu’ils ne perdent pas de vu, qu’il s’agit en réalité comme bien souvent avec la Grèce, de l’avenir du continent dont il est question. Au-delà des habituelles interrogations sur l’histoire, celle que de toute façon nous n’écrirons pas, mais que nous faisons chacun à notre échelle, c’est de vie dont il est question. Vie comme celle de l’auteur de ce blog propriétaire d’un balcon à Athènes, car l’Europe la permis. Et demain ? Demain l’incertitude. Demain, je serai peut-être encore propriétaire, mais légalement qu’en saura-t-il de ce bien et de mon droit ? Et des milliers d’autres, comme moi ?

Par ailleurs Athènes retient son souffle, mais risque aussi de proposer en réponse ce qu’elle sait faire de mieux, sa force d’inertie. Les fonctionnaires du fisc, au moment où les salaires ont diminué et que personne ne s’est soucié de l’impact sur la corruption, ont pratiqué ce qu’ils appellent la grève du Zèle. C’est-à-dire en faire le minimum et certainement pas plus. Et croyez-moi, quand il s’agit de trouver le minimum ils sont assez doués. Mais attention ils ne sont pas fainéant, non c’est la leur seule arme pour ne pas tomber dans la corruption massive, tout en continuant à percevoir les subsides que l’État accepte de leurs octroyer. Car en somme il s’agit plus pour nombre de Grecs de percevoir un octroi que de jouir de la rémunération de leur travail. Il n’y a plus de sécurité juridique ni de garantie. Tout comme le pays ne survit plus que grâce à ELA… Et la CEDH dans tout cela ? Quelqu’un l’a-t-il consulté sur le dossier grec ? Alors Anne ma sœur Anne, ne vois tu rien venir ? Je ne vois que le Ciel qui poudroie !